En pays inconnu...Maman ! T_T (Libre)

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Qu'est-ce que Mattheson fichait ici ?...
C'était sans doute LA question de la soirée.
Pour résumer comment il en était arrivé à attendre ici, au bar, endimanché comme un pingouin, une fille lui avait donné un rendez-vous. Il se moquait éperdument d'elle, elle ne l'intéressait pas mais on l'avait poussé à sortir. Quand je dis "on", vous vous doutez certainement qu'il y a de la fratrie derrière. Camélia et Coraline s'y étaient mises à deux pour le virer de son appartement et lui faire accepter ce rendez-vous qui rien que d'y penser le déprimait plus qu'autre chose. Une petite maquilleuse blonde qui se baladait toujours avec une mini-jupe et le reste comme si elle sortait d'un défilé de mode...Quoi de plus ennuyeux ? Il ne lui trouvait pas de charme et une conversation pas vraiment très intéressante, mais en même temps, il avait rarement trouvé quelqu'un avec qui il soit en parfaite adéquation. En revanche, elle était gentille et ils riaient bien de temps en temps...Quand elle ne le draguait pas de trop près ! Mais le pire, dans l'histoire, c'est qu'il ne l'intéressait que pour son porte-feuille déjà bien fourni...Et pour rien d'autre ! Et comment expliquer ça à deux sœurs qui veulent vous voir mettre un pied en dehors de chez vous alors que vous écriviez tranquillement depuis quatre jours ?

Il regarda sa montre et soupira. Une demie-heure de retard. Vu le temps qu'elle devait mettre à se préparer, il pouvait bien l'excuser, même s'il avait envie de partir. Et pas moyen de se concentrer et de partir dans les méandres de son imagination, la musique l'empêchait de se concentrer. Comme il se sentait mieux chez lui ! Il se rappela donc comment il était à ce qu'on l'oblige à sortir...
Il n'y avait qu'un volet ouvert et qu'il avait laissé dans la même position depuis qu'il s'était installé à son bureau. Aucune fenêtre ouverte. Quoique, la veille il avait trouvé que l'ambiance était un peu étouffante et il en avait ouvert une pendant une petite heure. Pas folle, la guêpe ! Le bruit ça déconcentre ! En dehors de l'odeur de mort qui devait régner dans son appartement, il était resté en caleçon et t-shirt -les mêmes-, assis à son bureau, ne s'arrachant à son stylo que pour aller s'affaler sur son lit défait depuis qu'il avait commencé à écrire, dormir et retourner sans transition à la chaise de son bureau, trop pressé de mettre par écrit ce qu'il avait en tête. Vous allez me dire qu'il faut bien manger ? Eh bien, oui, il avait mangé, mais les bons vieux plats réchauffés au micro-onde, la fourchette dans la main gauche et le crayon dans la droite, sans lâcher son script des yeux. Peut-être vous posez-vous la question de si ça lui arrive souvent, ce genre de trucs ? Eh bien la réponse est non. Il écrit beaucoup, mais sur de très courtes périodes et il passe le reste dans le théâtre à tout mettre en place.

Mais quand les deux femmes de la fratrie Sanders étaient arrivées, ce fut une véritable tornade dans sa calme vie d'écriture. Fenêtres et volets ouverts, cheveux et barbe inspectés, reniflé de loin, assiettes sales jugées d'un coup d'œil. "Mattheson, tu es un vrai porc !" Voilà le verdict qui était tombé si lourdement dans les oreilles de notre petit dramaturge, tout content de voir ses deux frangines. Et voilà, il avait dû prendre une douche, chose qu'il avait oublié jusque là. Se raser...La corvée ! Et le pire, s'habiller classe. Il avait horreur de ça.

Un nouveau coup d'œil sur sa montre. Nouveau soupir. Alors il se pencha vers la première personne seule qu'il vit à côté de lui au bar. "Excusez-moi, vous auriez pas vu passer une blonde montée sur talons aiguilles et qui aurait oublié sa jupe ?" demanda-t-il avec un léger sourire et douceur.